C’est ainsi que Marià Villangómez a intitulé son recueil de traductions poétiques publié en 1985. Dans son prologue il expliquait cette image avec des mots que nous pouvons maintenant utiliser pour introduire les versions que nous présentons sur ce site —aussi bien celles qu’il a faites de poètes d’autres langues, que celles que divers traducteurs ont fait de ses poèmes:
Il est clair, me semble-t-il, que la « voix » du titre n’est pas seulement la mienne, mais celle d’un peuple tout entier, celle qui s’exprime en langue catalane. Toute langue recèle un monde propre ; au-delà de constructions et de sons différents, elle suppose une pensée et des nuances, une habitude qui parfois s’intensifie en émotion, une propriété qui souvent nous exige de l’amour. Les « ailes » sont les vers conçus dans d’autres langues, devant lesquels le poète qui adapte —sans pour autant cesser d’être poète, avec ses préférences et son sens de l’expressivité, et avec le rythme de sa propre langue— exerce à un haut niveau ce qu’il y a en lui de technique. Les « ailes » viennent de loin ; elles reflètent d’autres espaces, elles s’agitaient dans des régions lointaines, méconnues peut-être. Elles arrivent souvent d’autres temps. Dans une traduction, nous tâcherons de faire en sorte, du mieux possible, que les « ailes » étrangères ne battent pas complètement de manière étrange et maladroite dans l’air, la « voix », que nous leur offrons pour une vie nouvelle.
Dans ces pages vous trouverez des ailes et des voix qui voyagent dans un sens et dans l’autre, parmi les versions de poèmes d’autres langues faites par Villangómez et les versions que d’autres poètes ont fait de Villangómez ; beaucoup d’entre elles proviennent d’une anthologie que l’Institut Ramon Llull avait diffusé sous un titre également ailé, tiré d’un poème de Villangómez: Un vol d’ocells / Un vol d’oiseaux.
Que les lecteurs découvrent ici de nouveaux espaces poétiques en volant avec des ailes diverses parmi les langues.